Alors que la situation à Rafah et ailleurs dans la Bande de Gaza s’aggrave, les organisations locales et internationales des droits humains déplorent l’inaction de la communauté internationale.
Au cours des deux dernières semaines, on a vu des zones résidentielles du Sud de Gaza être dévastées, les forces israéliennes d’occupation ayant détruit des centaines de maisons et coupé l’électrictié et l’eau, et ayant laissé quelque 2000 réfugiés Palestiniens sans abri.
De façon terrifiante, les forces israéliennes ont détruit des maisons dont les résidents n’avaient pas été prévenus et qui sont toujours dedans. Une foule de Palestiniens a été tuée durant ces deux dernières semaines, et notamment 8 Palestiniens ont été tués et 41 autres blessés lors d’une manifestation pacifique le 19 mai 2004.
Les blessés sont dans l’incapacité de bénéficier de soins médicaux : même s’ils arrivent à atteindre des centres hospitaliers, ceux-ci n’ont qu’une capacité limitée et ne peuvent traiter tous ceux qui s’y présentent.
Les forces israliennes ont également procédé à des arrestations en masse, appelant tous ceux âgés de plus de 18 ans soit à se rendre soit à subir la démolition de leur maison.
Ces actions constituent des violations caractérisées du droit international humanitaire. En particulier, la destruction de biens personnels appartenant à des personnes privées, la destruction des points d’eau et les attaques à l’encontre de personnes sous protection constituent de sérieuses violations du droit international humanitaire.
Plusieurs de ces actions sont des punitions collectives constitutives de graves infractions (c-à-d de crimes de guerre, relevant de la juridiction internationale universelle) à la 4ème Convention de Genève. Ces actions constituent aussi des violations des droits humains internationaux, et notamment et de façon non limitative du droit à la vie, du droit contre la détention arbitraire, et du droit à un habitat adéquat.
En notre qualité d’organisations des droits humains suivant de près la situation — Adalah, El Haq, Al Mezan, HIC-HLRN, PCHR, et l’Organisation mondiale contre la Torture — nous en appelons à la communauté internationale pour prendre des mesures afin qu’Israël cesse immédiatement de commettre des violations du droit international humanitaire à Rafah et dans tout autre endroit des Territoires Occupés Palestiniens (TOP).
Nous notons que des autorités et dirigeants internationaux ont clairement condamné la situation, le plus récemment via le vote d’une résolution du Conseil de sécurité exprimant sa profonde préoccupation quant à la situation humanitaire des Palestiniens rendus sans abri dans la zone de Rafah, et appelant à la fourniture d’une aide d’urgence.
Néanmoins, le monde reste passif quant à la nécessité d’arrêter Israël agissant illégalement dans la Bande de Gaza, et de rendre responsables tous ceux qui ont commis ces actions.
La documentation que nous avons pu rassembler au cours des ans indiquent clairement que les pratiques d’Israël dans la Bande de Gaza ne constituent pas des incidents isolés. Les autorités israéliennes ont de façon répétée mis en oeuvre des démolitions systématiques de maisons palestiniennes, y compris à Rafah en octobre 2003.
Plus de 3000 maisons ont été démolies depuis de début de l’actuelle lntifada en septembre 2000, et des dizaines de milliers de Palestiniens sont sans abri. Cette politique s’est accompagnée d’autres graves violations du droit international, telles que les exécutions extrajudiciaires, la restriction notable de la liberté de mouvement et la construction du Mur d’Annexion.
En dépit du caractère manifestement illégal de ces pratiques, la communauté internationale n’a pris aucune mesure pour faire cesser ces violations par Israël.
Une telle inaction ne peut perdurer.
Les Etats abdiquent leur responsabilité en matière de respect du droit international et du droit international humanitaire, comme de la volonté de la conscience publique.
Les Palestiniens paient chaque jour le prix de cette abdication. La communauté internationale doit faire pression sur Israël pour faire cesser immédiatement ses pratiques illégales, en faisant usage de tous les moyens découlant du droit international, et si nécessaire en mettant en place un embargo complet sur la fourniture d’armes tel que proposé par le Rapporteur spécial des Nations unies dans les TOP.
Une solution juste et durable au conflit, et que nous recherchons tous, ne peut intervenir tant que la communauté internationale reste sourde aux violations permanentes commises par Israël.